Pourquoi une chambre de compensation pour les CDS ?

19 11 2008

Le sommet du G20 du 15 novembre 2008 à Washington, réunissant 20 chefs d’état représentant les plus grandes puissances mondiales (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne, France, …) et les pays émergeants (Brésil, Chine, …) avait pour ambition la mise en place des premières briques d’un plan mondial de sauvetage et de relance de l’économie.

Outre le fait qu’il n’y a pas eu de grandes avancés, de ce sommet il en ressort la mise en place d’une chambre de compensation pour le marché des CDS.

La mise en place d’une chambre de compensation pour le marché des CDS…quelle ironie : il n’existe donc pas actuellement de chambre de compensation sur le marché des produits financiers permettant de se protéger contre le risque de défaut d’une contrepartie !

Commençons par quelques définitions :

CDS :

Le Crédit Default Swap (CDS) est un instrument financier permettant de se couvrir contre le risque qu’une contrepartie fasse défaut (ie : que la contrepartie ne respecte pas ses engagements de paiement = risque de crédit) : le CDS peut être alors vu comme une assurance.

Prenons un exemple simplifié (et fictif) pour bien comprendre :

La Société Générale (SG) prête de l’argent à Air France.

En échange, Air France rembourse tous les mois la SG avec des intérêts.

La SG souhaite limiter son risque de crédit face à Air France et décide de mettre en place, avec Calyon, un CDS Air France.

La SG va donc payer tous les mois une prime à Calyon qui, en contrepartie, s’engage à verser à la SG les montants restants dus par Air France en cas de défaut de paiement de cette dernière (ex : en cas de faillite d’Air France).

Plus le risque de défaut d’Air France sera élevé (et donc le risque qu’Air France ne rembourse pas la SG), plus le montant de la prime versée par la SG à Calyon sera importante.

Chambre de compensation :

Une chambre de compensation intervient dans le cadre des marchés organisés et agit comme contrepartie unique de l’ensemble des acteurs du marché : elle sera donc l’unique acheteur de tous les vendeurs et l’unique vendeur de tous les acheteurs.

La chambre de compensation permet ainsi d’annuler le risque de contrepartie sur les opérations. En effet, dans le cadre d’un marché de gré à gré, les opérations se font directement entre l’acheteur et le vendeur, lorsqu’une des deux contreparties fait défaut (à cause d’une faillite par exemple), l’autre encaisse pour lui les plus ou moins values.

Que se passe-t-il alors actuellement sur le marché des CDS, marché de gré à gré pour le moment, lors d’une crise financière importante ?

Reprenons notre exemple de la Société Générale prêtant de l’argent à Air France et couvrant son risque de crédit par l’achat d’un CDS avec Calyon :

La crise financière s’est propagée à l’économie réelle rendant plus difficile aux entreprises d’emprunter de l’argent et aux particuliers de consommer.

Scénario 1 – risque de crédit :

Air France en grande difficulté fait faillite et ne peut donc plus rembourser l’argent que la SG lui avait prêté.

Le CDS que la SG a mis en place avec Calyon est donc activé et Calyon rembourse le reste de l’argent dû par Air France à la SG.

Scénario 2 – risque de crédit + risque de contrepartie :

Air France en difficulté financière fait faillite, Calyon également en grande difficulté met la clé sous la porte. La SG se retrouve donc avec un prêt non remboursé par Air France et une assurance ne fonctionnant plus.

La perte totale de la SG est donc égale au (montant total de l’argent prêté à Air France) – (montant du prêt remboursé par Air France) – (montant des intérêts versés par Air France) + (montant des primes versées à Calyon pour le CDS).

Dans le cadre d’un marché organisé, le scénario 2 n’aurait pas pu se produire car la contrepartie unique est la chambre de compensation (par un système d’appel de marge, la chambre de compensation annule le risque de contrepartie) :

La SG aurait acheté un CDS à Calyon via la chambre de compensation et le schéma aurait donc été le suivant : SG <–> Chambre de compensation <–> Calyon

La contrepartie de la SG étant uniquement la chambre de compensation, en cas de faillite de Calyon, l’opération est débouclée et la chambre de compensation rembourse la SG.

La création d’un marché organisé est donc une bonne chose et permettra de ne plus remplacer un risque de crédit de l’entreprise cible par un risque de crédit sur la contrepartie du CDS.





Focus sur : les SWAPS de TAUX

4 03 2008

Pour commencer : les articles « Focus sur » ont pour objectif de donner le plus d’information possible sur certains thèmes. Ils seront enrichis au fur et à mesure…

Première définition :

Un Swap de Taux est une opération qui consiste à échanger un taux contre un autre.
Il est par exemple possible de transformer un taux fixe en un taux variable.

En anglais, on parle d’IRS : Interest Rate Swap

Les différents types de Swap de Taux :

Liste non exhaustive :

  • Standard ou Vanille : taux fixe contre taux variable (ou inversement)
  • CIRS (Currency IRS) : taux fixe contre taux variable dans des devises différentes (ou inversement)
  • Basis : taux variable contre taux variable (peut également être dans des devises différentes)
  • Swap de change : échange les intérêts et la valeur d’un sous-jacent dans une devise contre sa valeur dans une autre devise

En pratique :

Que se passe-t-il en pratique lorsque j’effectue un Swap ?

Un Swap se représente comme 2 jambes, 1 jambe acheteuse et 1 jambe payeuse.
L’opération consiste à un échange des intérêts générés par les sous-jacents.

Prenons pour exemple un Swap Vanille fixe contre variable, le sous-jacent étant un dépot qui génère de l’argent (intérêts au taux) :

« A » possède un taux fixe (5%) qu’il souhaite échanger contre un taux variable indéxé sur l’Euribor 3M.
» « A » anticipe une montée des Taux Variable, dépassant le montant de son Taux Fixe.

« B » possède un taux variable (Euribor 3M) qu’il souhaite échanger contre un taux fixe à 5%.
» « B » anticipe une baisse des Taux Variable, tombant sous le montant d’un Taux Fixe à 5%.

Un Swap Vanille permettra à A et B d’effectuer cette échange.
Le Swap aura une jambe taux fixe à 5% et une jambe taux variable Euribor 3M.

A l’initialisation, la transaction est neutre : aucune partie est avantagée
Seul l’évolution des marchés et de l’Euribor 3M mettra en évidence si la transaction est favorable pour « A » ou pour « B ».
Dans le cas où une partie serait plus avantagée que l’autre à l’initialisation de la transaction, une soulte sera alors versée afin d’arriver à une transaction neutre.

Au cours de la vie du Swap Vanille :

Les intérêts sont échangés dès leurs tombées, ils peuvent intervenir en même sur les deux jambes comme ils peuvent être décalés.
Dans l’exemple ci-dessous, les intérêts des deux taux tombent en même temps.

  • « A » recevra les intérêts du taux fixe et les donnera à « B ».
  • « B » recevra les intérêts du taux variable et les donnera à « A ».

Exemple d’évolution :
Echange des Intérêts Swap Vanille

  • « A » paie à « B » les intérêts Taux Fixe = 600
  • « B » paie à « A » les intérêts Taux Variable = 610

Au final :

  • « A » aura payé à « B » 600 et aura reçu 610, il aura donc gagner 10.
  • « B » aura payé à « A » 610 et aura reçu 600, il aura perdu 10.

L’un des grands intérêts du Swap de Taux Vanille est qu’il n’y a pas d’échange du sous-jacent, uniquement les intérêts sont échangés. Ceci permet entre autre de réduire les écritures comptables.